Page 108 - Tous les bulletins de l'association des" Amis du Vieux Marsanne"
P. 108

Si l'on sait, par ailleurs, que pour 80 sétérées, soit environ 14 ha, le montant de la taille
               pouvait atteindre 17 livres, il apparaît que 73% des propriétés étaient inférieures ou, au plus,
               égales à une quinzaine d'hectares.

                      De seigneur, il n'y en avait plus. En 1447, après les Poitiers libérateurs et généreux
               étaient venus les Adhémar de Grignan, intéressés et contestataires. En 1582, ils laissèrent leur
               place aux Adhémar de Brunier. Ceux-ci, durant deux siècles, reprirent les beaux principes des
               Poitiers, et lentement se ruinèrent. De 1784 à 1786, le dernier de la lignée vendit ses quelques
               terres  de  Marsanne  à  Monsieur  Julien  Matin-Delaporte,  conseiller  du  roi,  receveur  des
               finances à Montélimar, qui dut soutenir divers procès concernant ses droits et ne profita guère
               de ses biens.

                      Propriétaires de leur terre, dépourvus de seigneur et privilégiés par toutes leurs libertés
               liées à la montagne, les Marsannais avaient, moins que d'autres, de doléances à exprimer.
                      Ils  en  avaient  pourtant,  car  la  majorité  des  exploitations  étaient  petites,  les  récoltes
               souvent  désastreuses  à  cause  des  intempéries  et  des  violences  dévastatrices  des  nombreux
               torrents. Les exigences royales devenaient de plus en plus pesantes et le contrôle des récoltes
               de  plus  en  plus  serré.  C'est  ainsi  qu'on  devait  "déclarer  les  bleds,  au-delà  de  la  quantité
               nécessaire à sa subsistance, sous peine de confiscation totale" (Inventaire Lacroix, Marsanne
               E. 1709). Il était interdit "sur peine de vie" de faire passer les grains d'une province à l'autre.
               Interdite aussi la plantation de vigne, sous peine de trois mille livres d'amende, pour favoriser
               la culture des céréales insuffisante au plan national (Inventaire Lacroix, Marsanne E. 1729)

                      Que dire de la lourdeur des impôts ? Outre la taille assise arbitrairement sur les biens
               possédés, et qui atteignait pour la communauté plus de 4 500 livres en 1788, il fallait payer la
               dîme au clergé, soit un dixième des grains et vins récoltés.

               En 1761, cela représentait :

                144   setiers  =  85                 hl de bled
               93,5   setiers  =  55,25            hl de seigle
                  15   setiers  =    8                 hl d'orge
                104   setiers  =  61                 hl d'épeautre
                  45   setiers  =  26,5              hl de blé noir
                                                                (sarrasin)
                  35   charges  =  2 813,6       litres de vin

               Sur le montant de cette dîme, on prélevait la vingt-quatrième partie appelée couramment "la
               vingt-quatrième",  réservée  aux  pauvres  dont  la  liste  établie  annuellement  comptait  71
               personnes en 1789 (Arch. Mun.)

                      Il fallait en outre effectuer la corvée royale, ensemble de travaux dû au Roi. Travaux
               d'entretien ou de construction des routes, des ponts et chemins. Travaux pénibles et lourds,
               exigés à n'importe quelle époque de l'année et privant souvent l'agriculture de bras. Alors les
               doléances portèrent  essentiellement sur la suppression de la corvée, la libre circulation des
               grains, l'ajustement des impôts, ou l'aide en cas de mauvaises récoltes.

                                                      La Révolution

                      Pas  de  traces  des  activités  marsannaises  aux  toutes  premières  semaines  de  la
               Révolution, mais le 11 mars 1790, conformément au décret du 14 décembre 1789, la vieille
               communauté devenue Commune ouvre le premier registre des délibérations municipales pour
   103   104   105   106   107   108   109   110   111   112   113