Page 201 - Tous les bulletins de l'association des" Amis du Vieux Marsanne"
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d'autos l'inquiétaient sur son trajet. Comme "Caïffa", il avait peu de marchandises, mais de tout pour
            satisfaire la clientèle qui achetait peu à la fois.
            "Caïffa" était le nom d'un établissement à succursales multiples couvrant la France entière. Sa réputation
            venait principalement de son café surchoix. On connaissait "Caïffa" et on oubliait son nom de famille. Il
            avait une carriole, et ensuite un tricycle.
            Tout épicier ambulant astucieux s'arrangeait avec ses concurrents pour équilibrer les passages de l'un et
            des autres. En principe, on prévoyait de tourner à un jour d'intervalle sans jamais se doubler. De la sorte,
            on ne se causait par tort et chacun y retrouvait son comptant.
            Les fermières voyaient un épicier presque tous les jours, certains passaient à 8 heures le soir !

            En  faisant  leurs  tournées,  les  épiciers  acceptaient  parfois  lapins,  poulets,  œufs,  en  échange  de  la
            marchandise prise. Ainsi, les clientes ne déboursaient rien. Ils avaient l'occasion de vendre ces volailles
            au magasin, et le surplus était rapporté au coquetier de Sauzet qui payait l'épicier (2).
            Dans une ferme, le produit des volailles payait l'épicerie de l'année.

            Ces épiciers ambulants ont rejoint la cohorte des pittoresques personnages qu'on ne croisera plus jamais
            dans les campagnes proches de super- ou hypermarchés.
            Par contre, l'épicerie traditionnelle restera, tout au moins souhaitons-le, le plus longtemps possible, car
            nos villages ont besoin de vivre et ne peuvent devenir des villages-dortoirs.
            Gageons  que  notre  épicière  actuelle  fera  une  longue  route  à  Marsanne,  comme  Mesdames  Vendran,
            Maurel, Burel, Petit et Mary

                                                                                                                           M. P. WENDER


            (2) Père de Dany Chassagnon, épicière de Marsanne, gérante COOP jusqu'en 1990.

            Bibliographie :

            René Barjavel, "La charrette bleue", 1980
            Gérard Boutet, "Nos racines retrouvées",  coll. Les Gagne-Misère, Jean-Cyrille Godefroy Ed., 2000
            Martine Sadion, "La Drôme autrefois", Horvath, 1994
            Roland Brolles, "La petite histoire de la Valdaine", La Mirandole, 1992
            Georges Martin, "Dans les rues au temps passé", Librairie Roumanille, 1968
            Les Annuaires Fournier de la Drôme, 1893-1956
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