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FRESNEAU, ENTRE VILLEGIATURE ET HOPITAL MILITAIRE
A la fin du XIXe siècle, le succès du pèlerinage à Notre-Dame de Fresneau remis à l'honneur sous
l'impulsion du comte Charles Laurent Joseph de Montluisant, puis de son fils le général Charles
Bernardin Marie, impose rapidement la construction d'un édifice capable d'accueillir les foules toujours
plus nombreuses au jour de la célébration du 8 septembre. C'est chose faite en 1860. Le grand sanctuaire
prend le relai de la vénérable chapelle de Notre-Dame de Bonsecours dans le vallon boisé, au-dessus du
village de Marsanne.
L'activité croissante liée à la fréquentation du lieu par les pèlerins tout au long de l'année ne permet
bientôt plus au curé de la paroisse d'en assumer seul la charge. En 1886, le service est confié à l'abbé
Antoine Benoît qui, devenu curé du village, poursuivra ses fonctions de chapelain.
Pour les prêtres désirant effectuer un temps de retraite spirituelle dans le vallon accueillant, on érige un
bâtiment à côté du grand sanctuaire, la "Villa Saint-Joseph". Dès 1890, deux chapelains, pères Oblats du
Sacré-Cœur de Jésus de Saint-Quentin, congrégation récemment fondée par le père Dehon, viennent
desservir la chapelle et assurer l'accueil des hommes. Pour les dames, ce sont des religieuses de la
congrégation de l'Instruction de l'Enfant Jésus, du Puy-en-Velay, qui organisent le séjour dans un
bâtiment voisin, la "Villa du Sacré Cœur".
Les religieux devront quitter les lieux en 1908, au terme des procédures de la loi de séparation des
Eglises et de l'Etat votée en 1905. Le père Pierre Félix Dupland, directeur des Oblats depuis 1895, quitte
la commune ainsi que les soeurs du Puy. Pour éviter la saisie du lieu, le général de Montluisant a, non
seulement revendiqué en 1909 la propriété des terrains donnés à la fabrique par son père pour
l'installation du grand sanctuaire, mais il a racheté en 1910 les bâtiments d'accueil laissés vides (en 1924,
la famille acquerra de la Commune le reste des terrains qui constituent l'actuel domaine de Fresneau).
Ayant ainsi assuré la pérennité du pèlerinage, le général de Montluisant ranime les lieux avec la création
d'une pension de villégiature d'une trentaine de chambres dans la Villa du Sacré Cœur. Il est largement
secondé par sa sœur et son époux, Auguste Achille Henry de Laselve pour en financer le
fonctionnement. Quelques courriers et factures conservés dans les archives familiales nous permettent
de retracer la brève histoire de Fresneau et de ses occupants entre 1910 et 1918.
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