Page 63 - Associations des Amis du Vieux Marsanne
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avec son mari, ses filles et son fils. En marge de son courrier, la directrice a noté le tarif de 600 fr pour
un mois pour les 5 personnes.
Mais cette solution n'est pas toujours appréciée : "(...) Nous tenons beaucoup à la vue, mais nous
refusons un appartement dans l'annexe pour éviter de sortir par tous les temps pour prendre nos repas.
Je ne suis pas jeune et j'ai besoin de précautions.", dit Mme Renaudin, pensionnaire de Marseille.
Les desiderata des futurs hôtes sont parfois surprenants. Ainsi Mme de Balestrier souhaite réserver une
chambre au rez-de-chaussée, et précise : "(...) j'aimerais n'avoir aucuns rideaux dans ma chambre, ni au
lit, ni à la fenêtre."
Et puis, n'oublions pas les problèmes de régime, souvent délicats, parfois liés à ceux des tarifs.
Le 10 juillet, la même Mme de Balestrier précise : " (...) J'ai vu dans le prospectus (...) que le service du
petit déjeuner dans la chambre était l'objet d'une rétribution particulière. Vu mon régime restreint du
soir sans viande ni vin, le vin à aucun repas d'ailleurs, je compte bien qu'au prix de 5 fr par jour seront
compris le service du petit déjeuner dans ma chambre et un bol de lait de nuit."
Mme Fournier, s'annonce, comme prévu, pour le 13 août et "(...) je compte sur votre extrême obligeance
pour faire préparer pour ma grand'mère un bouillon de légumes (poreaux, carottes, laitues)."
Mme Girard, de Saint-Brieuc, s'enquiert des occupations proposées pendant le séjour et pour "la cuisine,
donner un aperçu des repas et me dire si l'on fait la cuisine à l'huile",..souci compréhensible d'une
bretonne confrontée à l'univers méridional !
Enfin, plusieurs personnes pieuses s'informent sur les services religieux proposés sur place. Au
quotidien, la Villa du Sacré-Cœur dispose de sa propre chapelle, mais il y a aussi le grand Sanctuaire
voisin et, pour les plus alertes, l'église paroissiale du village. Des offices sont dits régulièrement et des
retraites organisées ponctuellement, en particulier au moment du pèlerinage.
La lettre d'une personne responsable du diocèse de Valence adressée à Mme Fortoul en 1910 nous
apprend, par exemple, que la rémunération d'un prédicateur pour une courte retraite spirituelle dans les
établissements religieux ou "aux dames de la ville", varie entre 100 et 150 fr, plus les frais de
déplacement.
La réputation de Fresneau encourage aussi Mlle Couppa, directrice du patronage de la cathédrale de
Marseille, à y organiser un séjour de 15 jours pour une vingtaine de leurs jeunes filles les plus
méritantes, au mois de juillet 1913. L'autre option serait 8 jours à Lourdes, mais "à Lourdes le voyage et
le séjour sont beaucoup plus chers que partout ailleurs."
Les questions de coût sont récurrentes dans tous les courriers, chacun tentant d'obtenir un petit rabais sur
le tarif affiché. On propose ainsi de loger six personnes d'une même famille dans trois chambres à deux
lits ("quatre jeunes filles, un garçonnet et une grand'maman"...merci Prévert!) pour économiser l'espace,
et deux des jeunes filles ne boivent pas de vin. Cela vaut bien une petite réduction. Mlle Mouisset a sans
doute fait un geste, car elle a noté en réponse "4 fr par jour et pour le petit garçon on traitera de gré à
gré" !
Outre les conditions de séjour, il restait à régler le moyen d'accès à la pension à partir de la gare de
Montélimar.
Il existait à l'époque un service régulier de courrier entre Marsanne et la ville voisine, mais aussi de
"taxi" comme en témoigne le courrier de Mme Fournier du 27 juin : "(...) Je compte sur votre extrême
obligeance pour que se trouve à la gare vers 4 h la voiture de Villeneuve qui me conduira Villa du Sacré
Cœur."
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