Page 70 - Associations des Amis du Vieux Marsanne
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Les antennes temporaires bénévoles, dues à l'initiative privée, se sont multipliées dans les villes et
surtout les villages disposant d'un lieu suffisamment important pour abriter au moins une vingtaine de
lits. Dans la région proche de Marsanne, on trouve ainsi des usines de soie (Etoile, Livron, Loriol, Pont-
de-Barret), des établissements scolaires et des internats publics ou privés (école communale de Crest,
Ecole supérieure de Filles de Nyons, Ecole libre de filles de Valence), mais aussi des résidences privées
(maison de Mme Morin et maison bourgeoise Dietrich à Dieulefit, château de l'Orient à Montéléger) et
le site thermal de Bondonneau à Allan.
Marsanne dispose d'une petite structure avec des infirmières et peut-être le soutien du médecin local. On
y reçoit surtout des convalescents. Après des débuts chaotiques, les autorités militaires améliorent peu à
peu la gestion de l'organisation des secours. A la fin de 1914, on commence à contrôler les compétences
des unités bénévoles et le bien-fondé de leur existence, surtout s'il s'agit d'anciens établissements
religieux.
Dans une lettre du 31 décembre à Mlle Mouisset, Jane Ronce relate la visite du sous-préfet, "(...) ravi
comme à sa première tournée dans la propriété. Il a tenu à ce que, sur un papier, je note le nombre de
blessés hospitalisés, le nombre supposé de partants, et a promis d'appeler le soir même le Dr Francou
[médecin chef en poste à Montélimar] et de l'inviter à mettre tout de suite 40 soldats à Fresneau (...) et
est parti sur une poignée de mains qui a dû stupéfier l'entourage (...)"
Témoignage précieux des débuts de l'antenne, une carte postale envoyée en novembre 1914 par une
Marsannaise, Caroline, à son époux Firmin au front. Elle montre un groupe de 17 convalescents avec un
e
infirmier devant la Villa du Sacré Cœur. Un seul porte l'insigne de son régiment, le 111 RIT, sur sa
casquette.
L'année 1915 voit l'antenne fonctionner normalement. Les bonnes relations de Mme de Laselve avec
nombre de personnes et organismes de charité catholiques suscitent attentions amicales et dons. Ainsi,
des dames de Marseille qui confectionnent à plusieurs reprises des couvertures.
Spontanément aussi, nombre de Marsannaises se sont mobilisées et, selon les souvenirs de Nelly
Raymond, "(...) se sont mises au service de l'Armée pour aller, par roulement, effectuer les travaux
d'entretien des locaux (faire les lits, balayage, etc.). Avec Mlle Marce, j'y allais le dimanche matin (...)".
Côté alimentation, en décembre 1914, une commande à la maison F. Chaillol, de Marseille, évoque
certaines difficultés : plus de pâtes l'Alpin, la fabrication est interrompue faute de personnel, mais il y a
encore du jambon cuit, bien que, pour nombre de produits, "(...) chaque jour des modifications se
produisent (...)".
En revanche, la maison Jullien de Montélimar n'a pas eu de difficultés à livrer 696 litres de "vin rouge
vieux" en novembre pour réconforter les premiers blessés.
Plus près, de Pont-de-Barret, un envoi de denrées, articles de soins et divers, collectés par la Cure pour
"l'ambulance de Fresneau", vient compléter les ressources de la cuisine et de l'infirmerie.
Le carnet de la maison Astier et une facture du 29 septembre 1915 du boucher Célestin Borel, de
Montélimar, confirment la qualité des menus roboratifs qui ont laissé aux soldats un souvenir ému.
Bœuf, veau en quantité.
Le carnet du boulanger Plaziat fournit les quantités de pain et farine consommées.
Pour 1916, une facture manuscrite de Roynac, signale la livraison de 415 kg de pommes de terre à Mlle
"Armoussier", directrice de l'hôpital de Fresneau !
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