Page 72 - Associations des Amis du Vieux Marsanne
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Très vite, les secours viennent aussi des pays alliés. En novembre 1914, Mrs Alfred Partridge Klotz crée
à Londres le French Wounded Emergency Fund (FWEF), afin de fournir en matériel les hôpitaux
militaires ou bénévoles qui ne dépendent pas du réseau de la Croix Rouge.
C'est ainsi que plusieurs "ballots" arrivent en petite vitesse du Havre à la gare de Montélimar entre 1915
et 1916. L'un, daté du 20 juin, apporte 4 paires de béquilles et 6 cannes.
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Plus officiellement, une note du Ministère de la Guerre au directeur du Service de la Santé de la 14
Région, du 11 juillet 1915, prend acte de la création à Paris de l'œuvre "Le service de distribution
américaine " par Mrs Bliss, de l'ambassade des Etats-Unis, destinée à "(...) rechercher la meilleure
répartition des libéralités qu'un grand nombre de personnalités américaines désirent faire en faveur des
malades et blessés de nos armées.(...)". Suivent les modalités de collaboration avec les médecins-chefs
des Formations sanitaires pour distribuer au mieux "les dons mis à la disposition du Service".
Dans le même temps, d'autres américaines, Isabel Lathrop et son amie Ann Morgan, fille du banquier J.
P. Morgan, fondent à Londres l'American Fund for French Wounded (AFFW), ou Comité américain
pour les blessés français, qui fournit du matériel aux hôpitaux français et des colis aux soldats. Le 7 juin
1916, un avis signé de la main de Mrs Lathrop, directrice de l'antenne de Paris, annonce un envoi de
plusieurs colis (au verso de la feuille, figure sans doute la liste manuscrite du contenu attendu).
On notera surtout le post-scriptum : "Si vos poilus voulaient bien nous envoyer quelques cartes et
photographies avec dédicace, ils feraient le plus grand plaisir aux Amis de la France aux Etats-Unis.
Nous les remercions à l'avance."
Sans doute les pensionnaires de Fresneau ont-ils répondu de bon coeur. Surtout s'il y en avait encore à ce
moment-là. En effet, à la fin de 1915, le gouvernement ayant rétabli une meilleure organisation des
services de santé, nombre de petites ambulances bénévoles vont disparaître et la menace a dû planer sur
Marsanne si l'on en croit la lettre de Mme de Boissieu, datée du 24 novembre :"(...) Je partage tous vos
soucis. Que ferez-vous si l'ambulance ferme cet hiver? Irez-vous à Valence ? Rouvrirez-vous au
printemps ?(...)"
Quoiqu'il en soit, l'afflux de blessés n'étant plus aussi important, nul doute que leur nombre s'est peu à
peu restreint et qu'ils étaient logés dans l'annexe, comme le suggère ce courrier de Pont-de-Barret du 16
février 1916 : "(...) Je vois avec plaisir que vous avez toujours votre prêtre soldat et que vous pouvez
recevoir dans la Villa (...)."
Effectivement, dès l'été 1916, les pensionnaires vont pouvoir reprendre progressivement possession des
lieux.
COURRIERS RECONNAISSANTS
Tout au long de l'activité de l'hôpital 145 bis, les courriers des soldats ayant repris leurs forces dans
l'ambiance sereine et souriante de Fresneau témoignent de leur gratitude.
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De Montélimar, le 29 avril 1915, Auguste Sylvain, tambour au 252 RI, exprime sa reconnaissance pour
les soins prodigués "(...) car nulle part je ne serai choyé de la sorte.(...)" Renvoyé au front dans diverses
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unités, il tombe le 19 juin 1916 sous le drapeau du 98 RIT, 6 Cie, à Dugny, devant Verdun.
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De Quimper, le 3 septembre 1915, le soldat Louis Duquenne du 87 RI se désole : "(...) Je viens de
manger le rata pour la première fois. Je vous assure que ce n'est plus Fresneau. (...) je vous remercie
beaucoup de tout ce que vous avez fait pour moi, sans cela je serais déjà au front car tous les 10 ou12
jours il y a un départ (...)". Le répit accordé sera de courte durée. Renvoyé en première ligne dans les
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rangs du 402 RI, il est fait prisonnier en Champagne le 29 septembre. Interné au camp de Münster, en
Westphalie, il écrit le 7 novembre pour solliciter l'envoi de vêtements chauds.
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